Puisque ChatGPT existe, est-il encore nécessaire d'apprendre à mémoriser ?
Depuis qu’internet est entré dans la majorité des foyers et que les moteurs de recherche recensent en un instant et hiérarchisent les principaux sites en lien avec la requête formulée, il est tentant de penser que la mémorisation n’est plus très utile.
De même, il y a une vingtaine d’années les gens avaient en mémoire de nombreux numéros de téléphone afin d’éviter la consultation fastidieuse de leur répertoire téléphonique et des annuaires ou un appel aux renseignements alors que de nos jours il est fréquent de voir quelqu’un consulter le smartphone qu’il a constamment sur lui pour trouver le numéro de son propre lieu de travail ou de la ligne fixe de son domicile.
Les progrès technologiques ont de nombreuses vertus mais faut-il pour autant compter exclusivement sur les outils et cesser d’apprendre et de stocker dans notre mémoire à long terme des informations ?
L’engouement actuel pour ChatGPT et les performances bluffantes de cette intelligence artificielle rendent cette question particulièrement actuelle.
La neuroéducation nous permet de comprendre que les informations stockées dans la mémoire à long terme sont la base à partir de laquelle notre mémoire de travail est en capacité de :
- faire des liens
- raisonner
- choisir
- comparer un problème qui se pose à l’instant présent à un problème précédemment rencontré
- regrouper des informations pour leur donner du sens…
Les connaissances acquises au fil du temps et stockées dans la mémoire à long terme constituent donc le socle sur lequel vont pouvoir se construire les nouvelles connaissances qui nous parviennent de manière formelle lors d’une formation ou informelle par nos expériences de vie, nos rencontres, nos lectures…
Sans elles, la mémoire de travail n’a aucun point d’appui et la surcharge cognitive arrive très vite.
Par exemple, si je m’inscris à un webinaire animé par un expert de la physique nucléaire qui présente les dernières découvertes permettant de comprendre comment les nucléons interagissent pour former le noyau de l’atome et que je n’ai aucune connaissance préalable sur ce sujet, que je ne suis pas capable de définir les termes employés afin de leur donner du sens, il est probable qu’une heure plus tard, à la fin du webinaire, je sois en très grande difficulté pour restituer la moindre information acquise grâce à ce séminaire en ligne.
Je n’avais pas les préalables pour pouvoir tisser entre elles les nouvelles connaissances et celles déjà acquises.
D’autre part, si je n’ai pas en mémoire à long terme d’informations sur un sujet, comment savoir si le contenu complémentaire que me propose une intelligence artificielle est véridique, vais-je me fier à elle aveuglément ?
Sans apprentissage, sans mémorisation, je perds ma liberté d’apprendre davantage, de penser et de développer un point de vue personnel et un esprit critique.
ChatGPT peut sembler fascinant et il nous ouvre de nouvelles perspectives pour apprendre et transmettre mais attention à ce qu’un logiciel ne prenne pas la place de notre cerveau et ne nous prive pas, avec notre consentement, de notre capacité de raisonnement !